Deux fois deviendraient-elles coutume ? A l’instar de la rencontre forte en émotion avec Patrick Dugois organisée l’année précédente, les étudiants du Collège de droit se sont vus proposer en décembre dernier une conférence peu ordinaire. Valérie Prudont, coach et formatrice en développement des compétences relationnelles et managériales, a dialogué avec eux sur le changement, ses phases et son appréhension.
Le 16 décembre dernier, le Collège de droit de la Sorbonne a eu le plaisir d’accueillir Valérie Prudont, coach et formatrice chez UMANAPI et directrice pédagogique du Programme Certifiant Coaching d’Équipe à HEC Paris, pour une conférence sur le changement. Durant son intervention, Valérie Prudont a invité les étudiants du Collège de droit à partager leur état d’esprit depuis la transformation de leurs conditions d’études. Le choix d’une conférence interactive leur a ainsi permis d’assimiler les processus humains induits par le changement et de comprendre comment tirer profit de leur situation actuelle.
“S’il suffisait de dire quelque chose à quelqu’un pour qu’il le fasse, cela se saurait ! Ce n’est pas de la faiblesse que d’être éprouvé par le changement, cela fait partie de la transition… et c’est provisoire ! Comment comprendre les mécanismes de résistance et en tirer parti efficacement pour positiver nos expériences et accepter avec plus d’entrain de changer ?” – Valérie Prudont
Le coach, un artisan du changement
Valérie Prudont a introduit sa conférence en présentant le changement comme l’élément central de sa profession. Il en est, selon elle, un objet d’étude essentiel. En effet, un coach rencontre des personnes qui jugent leur situation actuelle insatisfaisante et aimeraient atteindre un objectif : ce qu’elle appelle “l’état désiré”. Toutefois, le passage d’une situation à l’autre n’est pas simple. L’individu souhaitant évoluer est confronté à de nombreux freins internes ou externes. Le travail du coach est de l’aider à dépasser ces limites en lui permettant d’identifier et de mobiliser ses ressources. Le coach est donc, selon l’intervenante, “l’artisan du changement”.

Pour Valérie Prudont, il est une composante majeure à prendre en compte lors d’un changement : les croyances. Une croyance est une chose pensée par un individu que celui-ci tient pour réalité, alors que cela n’est pas le cas. Dès lors, les croyances induisent les comportements. Ainsi, elles peuvent être des freins lorsqu’elles sont négatives ou des ressources si elles sont positives. Le coach doit aider son interlocuteur à les identifier afin de lui permettre de modifier son regard sur les choses pour évoluer.
Comprendre le changement grâce à ses constantes
Un même changement peut être un processus appréhendé différemment selon chacun. À l’appui de cette affirmation, Valérie Prudont a proposé aux étudiants du Collège de droit d’exprimer leur état d’esprit face aux changements du quotidien depuis la crise sanitaire : tout le monde ne vit pas cette évolution de la même façon. Toutefois, la coach a poursuivi en affirmant que l’acceptation du changement passe par différentes étapes qui seraient récurrentes pour tous. Ces étapes sont représentées par une courbe construite sur le modèle de la courbe du deuil élaborée par Elisabeth Kübler-Ross. Ce schéma comprend deux parties. Dans la première, la courbe est descendante. Elle symbolise la phase de résistance au changement. Lors de cette étape indispensable à tout changement, l’individu compare sa nouvelle réalité avec le passé et se concentre sur ce qu’il perd. Son moral et sa productivité baissent alors, il ressent plusieurs émotions : le choc, le déni, la colère, la volonté de négocier puis la “dépression”. La seconde partie de la courbe, ascendante, présente l’adaptation au changement. L’individu commence à percevoir les avantages de sa nouvelle situation et gagne en productivité. Cette ascension passe par quatre étapes : l’acceptation, l’expérimentation, la décision et l’intégration. Une fois, le changement engagé, l’individu est, selon l’intervenante, forcément confronté à ces deux étapes et aux émotions qui les accompagnent. Seul le temps et l’ordre du processus varient d’un individu à l’autre.

Pour Valérie Prudont, un vrai changement suscite des pertes. Cette perception de la perte existe même lorsque le changement est positif. Elle est provoquée par une résistance du cerveau. En effet, le cerveau vise à fonctionner en économie d’énergie et favorise donc les rituels et les habitudes. Aussi, à chaque fois qu’un état de fait est transformé, il tentera d’y résister. Ce processus ne diffère pas, pour Valérie Prudont, selon la nature du changement. Un changement planifié crée autant de problèmes qu’un changement soudain. Le changement se distingue ainsi du mouvement en ce qu’il désigne obligatoirement la fin de quelque chose ou d’un état, ce qui explique qu’il suscite d’une façon ou d’une autre un sentiment de perte.
Le changement, un outil d’évolution ?
Mais Valérie Prudont est formelle : le changement est aussi une opportunité d’évolution. En effet, les sentiments négatifs qu’il suscite nous permettent de comprendre nos besoins. Pour cela, il faut mettre en œuvre la technique du “pivot” (inspirée du concept développé par l’Américain Eric Ries dans son ouvrage Lean Startup de 2008) qui consiste à utiliser ses émotions négatives afin d’identifier ses envies positives. Valérie Prudont a illustré l’application de cette technique en prenant l’exemple de l’anxiété : un individu anxieux utilise son imagination pour créer des situations qui l’effraient. Il peut donc, en notant les situations qui le rendent anxieux, identifier ses attentes ou besoins pour l’avenir. À partir de ce constat, il est en mesure de répondre à ces attentes et de gagner en productivité. Ce constat est d’ailleurs celui sur lequel repose une méthode de coaching appelée méthode TIPI (technique d’identification des peurs inconscientes). Développée par Luc Nicon, celle-ci a pour objet de permettre à un individu de revivre des situations de blocage afin de les réguler définitivement. Pour cela, le sujet qui vit une émotion désagréable doit porter son attention sur ce sentiment et les réactions physiques qu’il suscite dans son corps jusqu’à l’apaisement.
Pour conclure, Valérie Prudont a mis en avant l’importance de la connaissance des mécanismes du changement dans le cadre professionnel, notamment pour comprendre et appréhender les réactions des travailleurs en entreprises. L’entreprise est en effet un environnement qui se transforme constamment. La connaissance du changement est alors nécessaire au manageur : pour le fonctionnement de l’activité et pour les conditions des salariés. Valérie Prudont est spécialiste de la dynamique du changement au sein des entreprises. Selon elle, il s’accompagne de phases particulières, comme pour le changement individuel, que le manageur se doit d’identifier pour la bonne continuité de son entreprise et même son amélioration. Sur cette même logique, Valérie Prudont est ainsi persuadée que l’expérience du changement peut aussi être bénéfique aux étudiants, leur permettant d’accroître leur adaptabilité.
Par cet échange aussi nécessaire qu’efficace, empreint d’humanité, les étudiants ont appris à conscientiser leur état d’esprit face aux changements actuels et à modifier le regard qu’ils portent sur eux afin d’y faire face plus sereinement et d’en tirer profit.
Le Collège de droit remercie chaleureusement Valérie Prudont pour son intervention.
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